Q

Éclat plastique

Christiane Grimm révèle des images qui ont un pouvoir d’interpellation déconcertant par leur apparence à la fois spectrale, intrigante, voire impudique. Elles recèlent un mystère qui nous interroge et elles irradient notre regard en nous inspirant un sens à trouver.

De fait, l’optique de la plasticienne donne à voir des objets dont la nature met en déroute notre perception immédiate. Mais peut-être devinera-t-on le puissant travail de mise en lumière où l’objet semble n’être qu’un prétexte accrocheur et révélateur de clarté. Comme si l’orchestration de la lumière importait davantage à l’objectif de l’artiste que la mise en scène de la «chose».

Et pourtant, avec audace et finesse, l’artiste dirige le jeu entre la lumière et la nature intrinsèque de l’objet (transparence, légèreté). Elle crée ainsi en chaque image un rendu originel, archaïque, voire hiératique. A la manière de la foudre, qui dans son éclair illumine la nuit, l’éclat de lumière dirigé par Christiane Grimm «instantanise» l’apparition d’un objet fantomatique qui réclame aussi son dû en interrogeant notre regard.

Les objets mis en scène par Christiane Grimm ont-ils été exhumés tels des débris ou des trésors archéologiques maintenant restaurés et magnifiés ? Certaines de ses merveilles ont l’aspect évident de contenants, d’autres induisent des fonctions moins identifiables. Mais à y regarder de plus près, on verra que la plupart ont été malmenés, froissés ou crevés. Des blessures qui ne les rendent que plus beaux.

De plus, en arrière-fond de sa mise en scène, Christiane Grimm suggère une ligne d’horizon. Un monde est donc supposé. À quel monde appartiennent ces «choses» réellement esquintées dans leur fragilité? La trace d’une blessure sous-entend le passage des années. Ainsi lira-t-on peut-être comme une incarnation du temps sur ces objets blessés mais illuminés en douceur et en caresse. N’y aurait-il pas là une résonance anthropologique implicite?

Christophe Grimm
Septembre 2012

V

 

 

Scintillements

Christiane Grimm focalise depuis longtemps son attention sur les transparences polychromes. Aujourd'hui c'est l'éclat d'objets usuels en plastique destinés au rebut qu'elle valorise avec des tirages monumentalisant leur luminosité.

Myriam Poiatti novembre 2012