Visages de la lumière

L’émergence pourrait être le mot clé du récent travail de Christiane Grimm sur le portrait. Avec sa série intitulée Visages de la lumière, la photographe plasticienne, s’intéresse à la lumière et plus particulièrement à l’émergence d’un visage, toujours le même. 

Au fil du temps la série initiée en 2005 s’est enrichie d’une trentaine de portraits grand format. Avant de les réaliser, l’artiste s’imprègne de son modèle, se place dans un état de réceptivité pour observer la manière dont le visage reçoit la lumière à chaque fois différemment. Car il s’agit de guetter le moment propice qui révélera le sujet. Une prise unique est réalisée. Le temps passe entre chaque séance, l’aspect du modèle se transforme, ses poses varient ce qui implique de nouveaux cadrages. Christiane Grimm évite tout procédé systématique et contraignant pour privilégier la notion d’apparition, de vision. Chaque image devient singulière à tel point qu’on croirait voir parfois une autre personne.

En découvrant Les visages de la lumière, c’est à une image originelle que l’on pense, celle de la mère penchée sur l’enfant, qui apparaît floue et précieuse. On est placé dans une sorte d’éblouissement tranquille tant les photographies sont pâles, comme si un voile ou un écran s’interposait entre le portrait et le spectateur, comme si le visage émergeait d’un bain de lumière diffuse. L’œil est soumis à une lente exposition qui révèle progressivement le sujet, tout comme le cliché exige un long temps de pose.

De ces photographies se dégage une étonnante impression de silence. On se surprendrait à chuchoter en présence de ce modèle unique mais omniprésent, à peine détaché du papier, et dont le regard intense saisit.

Rien n’est donné à voir tout de suite, tout est à découvrir lentement semble nous dire l’artiste.

Françoise Mamie
15 Mars 2011

 

Visages de la lumière

Christiane Grimm, photographe plasticienne, s’intéresse depuis plusieurs années aux différents aspects de la lumière. Dès 2005 elle l’incarne dans sa série Visages de la lumière, constituée d’une trentaine de tirages représentant des portraits de grand format. On y voit toujours la même femme qui nous regarde.

Avant de réaliser le portrait, l’artiste se laisse surprendre par son modèle et sa manière de recevoir la lumière qui change. Du temps passe entre chaque séance de prise de vue. L’aspect du modèle se transforme. Ses poses varient ce qui implique d’autres cadrages.
Christiane Grimm évite ainsi tout procédé systématique et contraignant pour privilégier la notion d’apparition, de vision. Chaque image ou presque devient singulière.

Lorsqu’on découvre Les visages de la lumière, l’impression de ne rien voir se manifeste tant les photographies sont pâles comme si un voile ou un écran s’interposait entre le portrait et le spectateur, comme si le visage émergeait d’un bain de lumière diffuse.
Parfois l’image éblouit et vient vers nous surgissant de beaucoup de lumière; parfois, elle naît de l’obscurité; parfois, elle est à moitié révélée, à moitié effacée: l’image résiste à se définir nette, colorée. Avec son chromatisme pastel, elle reste en partie suggérée pour nous laisser l’imaginer. Plus elle est vue, plus elle monte dans nos yeux.
Il n’y a donc rien à voir tout de suite. Tout est à imaginer lentement devant cette présence de la lumière qui force au silence.

 

Visages de la lumière

Complice de tous ceux qui capturent ou apprivoisent la lumière, Christiane Grimm les évoque à partir de son propre atelier d’artiste qu’elle a construit en forme d’œil.

Elle nous montre ses amis cinéastes, faiseurs de lumières et d’ombres, ou fondeurs de métaux précieux qui guettent du coin de l’œil le soleil rond de l’entrée d’un four, ou encore verriers canalisant la lumière dans un monde de transparence.

Mais la vue de ces feux qui jaillissent de l’ombre ne suffit pas; car vivre pleinement la lumière, c’est aussi la comprendre. Notre temps nous y engage: il exige que de Goethe réconcilié avec Newton se dégagent les véritables parfums chatoyants des couleurs lumière.

Alors Christiane Grimm scrute patiemment les différents visages de la lumière: elle analyse le prisme avec Newton l’alchimiste, elle observe les couleurs interférentielles avec Lucrèce le poète savant et fait apparaître un visage de femme dans un bain de lumière diffuse. Car derrière tous ces visages de la lumière, il y a l’image première de chacun, celle qui est à l’origine de toutes les autres images et représentations visuelles

Libero Zuppiroli
Octobre 2005

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