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CHRISTIANE GRIMM |
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Consonances chromatiques A l'occasion de la présentation photographique des quartiers des Pâquis et des Eaux-Vives, quatrième volet des Quartiers de mémoire à la Maison Tavel, Christiane Grimm, plasticienne - photographe a choisi, pour son installation, Consonances chromatiques, un lieu particulier, dans la plus ancienne maison de Genève: la citerne. Espace circulaire, couvert d'une coupole en pierre et d'un plancher au sol. Christiane Grimm, pour ce travail a regardé attentivement une peinture majeure de la collection du Musée d'Art et d'Histoire de Genève, La pêche miraculeuse de Conrad Witz (1444), oeuvre sur bois faisant partie d'un retable dont deux volets double-face ont été conservés. Cette œuvre est l'une des premières représentations d'un paysage au relevé topographique exact du lac de Genève, du quartier des Eaux-Vives, et de la campagne et des montagnes de Savoie vu des environs des Pâquis. Cette peinture est construite en trois plans, dont le plus éloigné figure les montagnes enneigées, le plan intermédiaire, les colines verdoyantes, très précisément peintes dans le détail des bocages, des champs cultivés ou en jachère, le plan le plus proche, l'eau, surface beaucoup plus large pour la scène principale. La pêche miraculeuse et Jésus marchant sur les eaux. Toujours, pour exprimer la profondeur, les couleurs sont vives au premier plan, les camaïeux verts du second plan très largement répartis, se détachent sur les montagnes enneigées d'un blanc cristallin, au dernier plan. L'installation de Christiane Grimm se compose de 6 caissons lumineux de même format (125 X 90 cm). Sur un côté, un caisson présente la reproduction de l'œuvre de référence. La pêche miraculeuse, soulignée d'une charte de couleurs, en face de lui, cinq caissons lumineux séparés par un même espace. Ce retable éclaté de six panneaux est une lecture personnelle du quartier des Eaux-Vives et de son paysage dans un espace choisi pour une présentation in situ. Chaque panneau, comme souvent ceux des retables du XVème siècle est à deux registres, ici reliés et opposés par une bande chromatique de référence. Il est possible de lire cette installation comme une métaphore de cinq éléments: Blanc comme l'air. Vert comme la terre. Rouge comme le feu. Bleu comme l'eau. Jaune comme la lumière. La numérisation des grands détails photographiques d'éléments naturels choisis dans le paysage permet une précision de la mise en couleur. Devant le sixième élément reproduisant La pêche miraculeuse, le spectateur est en face de l'œuvre peinte de Conrad Witz. Quand il se retourne pourvoir la suite du retable Consonances chromatiques, il est dedans. Ces cinq panneaux chromatiques sont des détails d'éléments naturels, figés, travaillés, modifiés par traitement numérique, pour mettre en valeur la substance colorée, sophistiquée, des matières choisies dans le site peint par Conrad Witz: plumes de cygne, pétales de canna, crêtes à la surface du lac, transparence de l'eau proche de la rive, vert souple de l'herbe et rugosité complexe de l'écorce. Dans La pêche miraculeuse, la perspective imposée par la Renaissance italienne n'apparaît pas, la profondeur est obtenue par la richesse et la variété des différents plans. Dans Consonances chromatiques, c'est la dimension des détails colorés très précisément travaillés qui donne un relief. Par cette appropriation du lieu choisi pour son volume et sa forme, la citerne devient un double lieu, de mémoire et de réflexion. Cette citerne habitée par Consonances chromatiques entraîne une perception nouvelle et une ouverture autre. Brigitte Hedel-Samson |
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